Licéité de l’utilisation des images de vidéosurveillance dans un licenciement disciplinaire

Dans un arrêt du 21 mai 2025, la Cour de cassation valide la recevabilité des images issues d’un dispositif de vidéosurveillance comme moyen de preuve de faits fautifs pour justifier un licenciement disciplinaire 
Licéité du dispositif de vidéosurveillance

Le cas d'espèce

Un salarié, opérateur de sûreté aéroportuaire, affecté au contrôle RX des bagages à l’aéroport , est licencié pour faute grave après avoir laissé passer un bagage sans contrôle visuel, en détournant la tête pour discuter avec un passager.

Le constat de cette faute repose sur des rapports d’anomalie et attestations rédigés à partir d’images captées par le système de vidéoprotection de l’aéroport, consultées par des agents autorisés.

Le salarié conteste par l’intermédiaire de son avocat faute grave la régularité de la preuve, arguant qu’il n’a pas été spécifiquement informé de son droit d’accès aux enregistrements, que le système n’avait pas été mis en place pour contrôler son activité et que la preuve aurait donc été obtenue de façon illicite.

La question est ici de savoir si un système de vidéosurveillance installé à des fins de sécurité des biens et des personnes peut-il légalement servir à justifier un licenciement disciplinaire, sans consultation spécifique sur le contrôle de l’activité des salariés, et sans que le salarié ait pu visionner personnellement les images ?

Licéité vidéosurveillance

La chambre sociale rejette le pourvoi et valide l’utilisation des images captées par un système de vidéoprotection initialement déployé pour des raisons de sécurité, sous réserve de plusieurs conditions cumulatives :

  • Le système de vidéoprotection était licite et déclaré Déclarations régulières à la CNIL
  •  Les finalités initiales du traitement (sécurité des personnes et des biens) sont compatibles avec son usage disciplinaire Le RGPD (art. 5 §1 b) autorise un traitement ultérieur des données à condition qu’il soit compatible avec la finalité initiale. En l’espèce, les images ont été utilisées pour vérifier le respect d’un protocole de sûreté, dans un lieu classé « sensible » (aéroport). La Cour considère donc que l’usage disciplinaire n’était pas dévoyé.
  • Le salarié avait été suffisamment informé, comme tout le personnel, de l’existence du dispositif, de ses finalités et de son droit d’accès. Il ne démontre ni avoir demandé à consulter les images, ni avoir été empêché d’y accéder.
  • Le traitement restait proportionné, l’accès aux images était restreint à un nombre limité de personnes habilitées. 

La Haute juridiction valide ainsi l’usage à des fins disciplinaires de vidéos provenant d’un dispositif de sécurité déclaré conforme au RGPD, même sans consultation spécifique sur le contrôle de l’activité des salariés.