Inaptitude et impossibilité de reclassement

Dans son arrêt du 29 janvier 2025, la Cour de cassation considère que le seul défaut d’information du salarié quant aux motifs qui s’opposent à son reclassement n’ouvre pas droit à réparation.

Sur l'obligation de l'employeur

Quelques rappels

L’article 1226-10 du Code du travail indique qu’en cas d’inaptitude professionnelle constatée par le médecin du travail, l’employeur doit proposer au salarié un autre emploi approprié à ses capacités au sein de l’entreprise ou des entreprises du groupe auquel elle appartient. L’employeur est donc doté d’une obligation de reclassement.

L’article 1226-12 du Code du travail précise qu’en cas d’impossibilité pour l’employeur de proposer un autre emploi au salarié, celui-ci lui fait connaître par écrit les motifs qui s’opposent à son reclassement.

L’employeur peut rompre le contrat de travail seulement s’il est dans l’impossibilité de reclasser le salarié, ou si le salarié refuse l’emploi proposé dans le cadre du reclassement, ou par la mention expresse dans l’avis du médecin du travail que tout maintien du salarié dans l’emploi serait gravement préjudiciable à sa santé ou que l’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans l’emploi. 

 

En cas de litige, l’employeur doit justifier de l’impossibilité de reclasser le salarié, il doit prouver qu’il a exécuté loyalement son obligation (Cass. soc., 6 févr. 2008, no 06-44.898).

La preuve d’une recherche sérieuse et loyale de reclassement peut être apportée par tous moyens (Cass. soc., 19 oct. 2007, no 06-42.963).

Dans les faits

En l'espèce

Dans cette affaire, un salarié a été déclaré inapte par le médecin du travail le 5 octobre 2017 et a fait l’objet d’un licenciement pour inaptitude professionnelle et impossibilité de reclassement le 13 novembre 2017.  L’employeur ne l’a pas informé sur les motifs qui s’opposaient à son reclassement.

Le salarié a saisi la juridiction prud’homale avec un avocat en droit du travail afin d’obtenir réparation de son préjudice.

La Cour de cassation rejette la demande du salarié et confirme l’arrêt de la Cour d’appel de Bordeaux qui avait considéré que le salarié doit justifier d’un préjudice et que l’existence d’un préjudice résultant de l’inobservation par l’employeur de l’obligation de notifier au salarié les motifs qui s’opposent à son reclassement relève du pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond.

Position de la Cour de cassation

La réparation n'est pas automatique

Compte tenu de la position adoptée par la Cour de cassation, les employeurs devront s’acquitter de manière loyale de leur obligation de reclassement. Ils doivent notamment être en mesure de justifier concrètement les raisons s’opposant au reclassement du salarié.

A défaut, les salariés pourraient se prévaloir de ce défaut d’information. Attention toutefois, ce manquement ne peut donner lieu à une indemnisation que s’il leur a effectivement causé un préjudice.

La réparation ne saurait donc être automatique.