Le respect à la vie privée du salarié : quand un motif tiré de la vie personnelle entraîne la nullité du licenciement

Sur le respect à la vie privée

Quelques rappels

L’article 9 du Code Civil dispose que : « Chacun a droit au respect de sa vie privée« . 

Si le droit au respect de la vie privée a une valeur législative, elle a également une valeur constitutionnelle et internationale (article 8 de la CEDH).

Par respect à la vie privée, on entend principalement la protection du domicile, le secret professionnel et médical, la protection de l’intimité ou encore la protection du droit à l’image.  De ce fait, les individus bénéficient d’une réelle protection de leur vie privée

Du point de vue de la Cour de Cassation

Quid de la vie privée du salarié ?

Le principe du droit au respect de la vie privée reste inchangé dans le monde du travail.

Bien qu’il soit nécessaire de séparer vie professionnelle et personnelle au travail, il est parfois difficile de dissocier les deux.

Dans le cadre d’une affaire opposant un employeur à son salarié licencié pour avoir envoyé des mails à caractère sexiste à ses collègues par le biais de sa messagerie professionnelle, la Cour de Cassation, par arrêt du 25 septembre 2024, a jugé :

  • qu’un motif tiré de la vie personnelle du salarié ne peut justifier un licenciement disciplinaire,
  • que le caractère illicite du motif du licenciement fondé, même en partie, sur le contenu de messages personnels émis par le salarié grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail, en violation du respect de l’intimité de sa vie privée, liberté fondamentale, entraîne à lui seul la nullité du licenciement

Pour appuyer sa décision, la Cour de Cassation a ajouté que l’utilisation d’une conversation de nature privée (3 personnes), même réalisée par le biais d’outils professionnels (messagerie professionnelle) n’étant pas destinée à être rendue publique et ne constituant pas un manquement du salarié aux obligations découlant du contrat de travail n’était pas recevable pour motiver un licenciement.

« En l’espèce, l’arrêt constate que le salarié a été licencié pour faute grave, notamment en raison de propos échangés lors d’une conversation privée avec trois personnes au moyen de la messagerie professionnelle installée sur son ordinateur professionnel, dans un cadre strictement privé sans rapport avec l’activité professionnelle. »

Ainsi, nonobstant les propos inadmissibles du salarié, la violation à sa vie privée rend le licenciement notifié nul et lourd de conséquence pour l’employeur (au moins 6 mois de salaires). 

A retenir

Les propos échangés entre un salarié et ses collègues dans le cadre d’une discussion privée au moyen d’une messagerie professionnelle installée sur un ordinateur professionnel peuvent être considérés comme strictement privés et ne peuvent, dès lors, servir de motif pour licenciement puisqu’ils n’ont aucun rapport avec l’activité professionnelle.

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